Bref historique

Si l'on veut bien suivre l'épopée de l'aérostation, il faut connaître les différents types de ballons qui seront utilisés par les aérostiers tout au long de l'histoire.

Les ballons libres

Le 4 juin 1783, pour la première fois, un ballon s'élève dans les airs. C'était un globe de toile doublé de papier gonflé par de l'air chaud. Construit par les frères Montgolfier, il s'élève d'Annonay et, poussé par le vent, se pose à 2 400 mètres de son point de départ.

Le 27 août 1783, un autre ballon gonflé à l'hydrogène, construit par Charles et Robert, s'envole du Champ de Mars à Paris, trois quart d'heure plus tard, il tombe lentement près de Gonesse.

Le 21 novembre 1783, Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes sont les premiers hommes qui voyagent dans les airs à bord d'un ballon construit par les frères Montgolfier. Partis des Jardins de la Muette, ils s'élèvent à 100 mètres, survolent l'île des Cygnes, puis ils passent entre les Invalides et l'École Militaire, et se posent sur la Butte aux Cailles, près de l'actuelle Place d'Italie.

Le 15 juin 1785, Pilâtre de Rozier se tue en essayant de traverser la Manche monté sur un ballon double constitué d'un ballon de type Montgolfier gonflé à l'air chaud provenant d'un foyer brûlant, surmonté d'un autre ballon de type Charles et Robert gonflé à l'hydrogène ... une véritable bombe volante ! Accompagné de Romain, constructeur de l'engin, Pilâtre de Rozier, originaire de Metz, décolle de Boulogne-sur-Mer à 7 heures du matin. Après 27 minutes de vol, le ballon baptisé "La Tour de Calais" fait une chute brutale et s'écrase sur la dune près de Wimereux. Les deux aéronautes sont tués.

On s'aperçoit très vite que les aérostats Montgolfier sont très dangereux à cause du foyer brûlant transporté ; ils seront abandonnés et ne reviendront que dans les années 1970, appelés alors "Montgolfières" où le foyer sera remplacé par un brûleur au Propane beaucoup plus sûr, pour chauffer l'air.

Cependant, l'armée envisagea très tôt l'utilisation des aérostats. Le fait de pouvoir s'élever dans les airs au-dessus des maisons, des arbres et des lignes ennemies pouvait servir à sortir d'une ville assiégée. Du 23 septembre 1870 au 28 janvier 1871 par exemple, soixante-six ballons libres sortirent de Paris assiégée par les Prussiens. Ils transportaient des hommes, du courrier, des pigeons voyageurs vers la France non occupée par l'ennemi.

   

Mais les ballons libres avaient un gros défaut. Ils étaient uniquement tributaires du sens du vent, et l'on n'était jamais certain de pouvoir les récupérer.

Les ballons captifs

Le 2 juin 1794 a lieu la première utilisation du ballon rond captif à titre militaire. Guyton de Morveau a l'idée de rendre les ballons "captifs" en les fixant au bout d'un câble fixé au sol pour y placer des sentinelles pouvant ainsi observer l'emplacement et les mouvements de l'ennemi.

Le ballon "Entreprenant" commandé par le physicien Coutelle, qui avait créé à Meudon une compagnie spécialisée, sera utilisé à la Bataille de Maubeuge puis à Charlerois, Fleurus, Liège et Bruxelles. Le Commandant Coutelle donnera son nom à un dirigeable affecté à Epinal en 1913.

Mais on s'aperçoit très vite que les ballons captifs ont aussi un gros défaut. Pris dans le vent, ils se mettent à tourner comme des toupies au bout de leurs câbles.

Les ballons ronds avaient donc deux gros défauts :

Il fallait donc les rendre dirigeables et stables.

 

Les dirigeables

Le 22 septembre 1852, Henri Giffart expérimente avec succès le premier ballon "dirigeable". Il avait pensé que pour être stable dans l'air, il fallait adopter la forme des appareils qui naviguent sur l'eau.

Parti du Parc Aéronautique de Chalais-Meudon, le nouveau ballon était de forme allongée, il était gonflé au gaz d'éclairage et portait une machine à vapeur alimentée au charbon qui actionnait une hélice, une voile servait de gouvernail. Pour la première fois, l'homme réussissait à diriger son vol.

Mais ce premier dirigeable avait le même inconvénient que le double ballon qui avait coûté la vie à Pilâtre de Rozier, c'était une masse de gaz placée au-dessus d'un foyer.

Ce n'est que le 9 août 1884 que le premier dirigeable relativement sûr s'envole de Chalais-Meudon.

Construit par Charles Renard originaire de Lamarche, le dirigeable "La France" était mû par un moteur électrique qui entraînait l'hélice. Il effectua un vol de 7 kilomètres en circuit fermé.

 

Par la suite d'autres dirigeables utilisant le moteur à explosion seront construits en France, en Allemagne, en Angleterre, et seront utilisés jusqu'à la catastrophe du Zeppelin allemand "Hindenburg" le 7 mai 1937.

   

 

Les "Drachen" allemands et les "Saucisses" françaises

Les Allemands étudiaient eux aussi les problèmes de l'aérostation, ils avaient construit les "Drachen", ballons allongés avec une queue munie de godets d'orientation. Ils étaient donc beaucoup plus stables que nos ballons sphériques. En France, le capitaine Caquot étudia à Chalais-Meudon un ballon allongé et empenné, et sortit en mai 1916 le ballon type L, puis le type M qui fut construit en série et devint le type R. Ils étaient utilisés comme postes d'observation et de réglage de tir de l'artillerie retenus par leurs câbles.

Devant les progrès de l'aviation, ces ballons toujours gonflés à l'hydrogène deviendront vite des proies très faciles pour les aviateurs.

Cependant, même au cours de la deuxième guerre mondiale, ces ballons captifs seront utilisés en les plaçant autour de points stratégiques pour empêcher les avions d'approcher à basse altitude pour bombarder l'objectif. On en verra beaucoup autour des plates-formes de débarquement en Normandie.

Sommaire
Suite