En 1914, les manœuvres reprennent. Le 10 juin, Escles reçoit la visite d'une compagnie d'aérostiers avec un ballon ; elle terminait des manœuvres dans la région de Bains-les-Bains. Un vin d'honneur leur est offert à la Mairie. Le 19 juin, le Ferber survole Escles et "lance" les remerciements des aérostiers.
Le 29 juin 1914, le Ferber décolle à 5 heures du matin et, jusqu'à 8 heures du soir, il évolue entre Epinal et la frontière, avec des officiers observateurs à son bord.
Il faut dire que la situation internationale se dégradait, les incidents de frontière se multipliaient et, la veille, l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche venait d'être assassiné à Sarajevo.
De grandes manœuvres des Places Fortes de l'Est avaient été prévues du 30 août au 10 septembre 1914. Le dirigeable Fleurus de Verdun et l'Adjudant Vincenot de Toul devaient y participer, mais entre temps, la guerre va éclater.
Le 27 juillet, la police surveille les ponts et les viaducs et les soldats surveillent les installations militaires.
Le 30 juillet, le 21ème Corps d'Armée est en état de mobilisation partielle, le 31, c'est la mobilisation générale.
Le 8 août, un "Taube" allemand réussit, malgré la surveillance, à jeter deux bombes qui explosent près du viaduc de Bénaveau. De toute évidence, il cherchait à couper le viaduc pour gêner le trafic ferroviaire vers Remiremont et Belfort.
Dès la déclaration de guerre, le Ferber était surtout un ballon école peu utilisable pour des missions importantes. Parti pour effectuer une mission au-dessus de la frontière en Automne, il est abattu par les Allemands en Alsace.
L'Etat Major s'apercevant très vite de la vulnérabilité de nos dirigeables en missions de jour, exposés à l'aviation et à l'artillerie anti-aérienne, il décide de les utiliser de préférence pour les missions de nuit.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1915, le Commandant Coutelle part pour bombarder Toul. Au-dessus de la ville, il est pris à partie par les batteries allemandes mais il réussit à s'échapper.
Le 20 juillet, il lâche dix-huit obus sur la gare de Vigneules-Hattonchâtel dans la Meuse.
Dans la nuit du 22 au 23 août 1915, il bombarde les gares de Mézières et de Lumes dans les Ardennes.
Le 22 septembre au soir, il part pour une mission de bombardement. Alors qu'il survolait Apremont, il est éclairé par la lune, repéré, pris dans les rayons de deux projecteurs. Traversé par un obus, il perd de l'altitude et vers 1 heure du matin, le 23 septembre, il s'écrase sur le bois "Le Bouchet" près de Verdun, heureusement en zone française. L'équipage, le commandant Prêcheur et le pilote Henri de la Vaux sont sains et saufs.
Le 9 novembre 1916, un nouveau dirigeable arrive à la Louvroie pour remplacer le Commandant Coutelle : c'est le Pilâtre de Rozier, 13 950 m3 construit par Astra.
Il avait quitté Toul le même jour avec le même équipage que le Coutelle sauf le pilote Henri de la Vaux remplacé par le lieutenant Vandenbosch.
Le mauvais temps empêche toute mission jusqu'au 27 décembre.
Le 27 décembre, le Pilâtre de Rozier quitte la Louvroie à 22 heures 10 chargé de 18 bombes pour aller attaquer les mines sidérurgiques de Neunkirchen en Sarre. Il rentre à Epinal le 28 à 6 heures du matin après avoir réussi sa mission.
Le 31 janvier 1916, il fait un vol d'entraînement de 180 kilomètres en 3 heures 12 minutes.
Pendant le début février 1917, le mauvais temps empêche toute sortie, mais les avions, moins tributaires de la météorologie ne cessent pas leur activité. Le 9 février à 23 heures, un avion allemand survole la Louvroie et lâche quatre bombes qui explosent dans la forêt du Souche en brisant les vitres du quartier Renard. Il voulait atteindre le hangar du dirigeable et venger Neunkirchen !
Le vendredi 23 février, le Pilâtre de Rozier quitte la Louvroie vers 22 heures pour aller bombarder à nouveau Neunkirchen, mais il s'écrase et explose près de Voellerdingen en Alsace le 24 vers 0 heure 30. Tout l'équipage est tué.
Si nos dirigeables payaient un lourd tribu dans la guerre aérienne, il ne faut pas oublier que les Zeppelins allemands étaient eux aussi des proies faciles pour nos soldats.
Le 22 août 1914, un Zeppelin avait été abattu dans le ciel vosgien. Nos troupes battaient en retraite en Alsace et deux Zeppelins, le Z-VII et le Z-VIII avaient reçu l'ordre d'aller à l'aube repérer l'emplacement des troupes françaises et de les bombarder. Le Z-VII lança 500 kilos de bombes sur nos soldats qui ripostèrent, atteignant l'engin qui s'échoua à Saint-Quirin en Meurthe-et-Moselle.
Le Z-VIII repéra nos soldats dans la région de Badonvillers, il lança 160 kilos de bombes et s'attaqua aux artilleurs du 21ème Corps qui bivouaquaient. Pris sous le feu de deux pièces de 75, il s'écrasa sur la forêt de Celles-sur-Plaine.
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Contrairement aux Allemands qui continuèrent à utiliser les Zeppelins pour des missions de bombardement - plus de 60 furent détruits pendant la guerre - l'Etat Major français s'était rendu compte assez vite, surtout depuis que l'aviation était devenue une nouvelle arme, que ces énormes mastodontes gonflés à l'hydrogène, aux déplacements lents et peu discrets, étaient des cibles faciles dans les zones de combat et au-dessus des villes. C'est pourquoi les dirigeables furent retirés du front pour être affectés à la Marine.
Les hangars vides du plateau de la Louvroie furent démontés et remontés à Cuers dans le Var.
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