Les ballons Ronds au Quartier Renard à la Louvroie (2)

Pour remplacer ce ballon sphérique, la 19ème Compagnie reçoit un nouveau type de ballon. C'est un 900 m3, allongé et empenné comme le Drachen allemand que les soldats vont appeler "Saucisse" ou "Périscope de l'Artillerie". Ce nouveau ballon permettait, quand il était au bout de ses 1500 mètres de câble, une observation dans un rayon de 15 à 18 kilomètres par temps clair. La 19ème Compagnie portera même la limite à près de 80 kilomètres par temps clair en prenant position sur les hauteurs entourant Saint-Dié.

Le 23 juillet 1915, la nouvelle saucisse participe à la bataille de Launois ; elle est transportée sur les pentes de l'Ormont, mais prise à partie par l'artillerie allemande, elle est repliée de nuit sur la tête de Saint-Roch où elle avait été installée dès son arrivée.

Le 1er août 1915, attaquée à coup de fusant, elle est percée en 600 endroits et descendue par l'ennemi ; l'observateur, le sergent Féraud est blessé dans sa nacelle. Le point d'attache de la saucisse étant repéré, elle est installée, après avoir été réparée, hors de portée des batteries allemandes sur la rive gauche de la Meurthe à Herbaville. Depuis cette nouvelle position, les aérostiers observateurs réussiront à repérer les pièces allemandes, des "Broques", qui bombardaient Saint-Dié.

Le 31 mars 1916, le ballon est à nouveau attaqué, il reçoit 60 coups de 150 fusants. Réparé en trois jours, il est à nouveau déplacé pour échapper à la portée des tirs ennemis.

Le 6 avril 1916, jour de la Saint-Célestin, il s'installe à la Tête des Jumeaux, près de la Bourgonce où, baptisé "Le Célestin", il restera jusqu'à la fin des hostilités.

 
   
Le gonflement, l'ascension du "Célestin" et le ballon à l'abri de la forêt

La saucisse Le Célestin n'était pas la seule à surveiller le haut des Vosges et à participer aux opérations militaires une fois le front stabilisé.

Une saucisse sera installée dans la forêt de Mandray au pied de la Behouille.

Un ballon surveille aussi le terrain d'aviation de Girecourt. Un jour, pris par le vent, il arrache son amarre et s'écrase sur le clocher de Gugnecourt qu'il détériore très sérieusement.

Le terrain de Corcieux était surveillé par la 28ème Compagnie d'aérostiers. En 1917-1918 le secteur était calme et la base était occupée par l'Escadrille 106. Cependant les Allemands avaient installé un centre d'entraînement pour pilotes de chasse à Sélestat, et il arrivait aux élèves de venir s'exercer en arrosant le terrain d'aviation.

De leur côté, les Allemands possédaient eux aussi leurs observateurs, et nos artilleurs n'aimaient pas voir monter dans le ciel les Drachen qui surveillaient notre ligne de défense, en particulier depuis Kaysersberg et Alspach dans le secteur de la Poutroie.

Malheureusement, devant les progrès de l'aviation militaire, ballons ronds et saucisses étaient des proies faciles ; conditions atmosphériques et attaques aériennes les rendaient très vulnérables. Le 27 janvier 1918, une saucisse sera détruite dans les environs de Fraize par un avion allemand.

En fait, si leur action était efficace ponctuellement, dans une guerre de position comme sur le front des Vosges, les ballons ronds et les saucisses furent néanmoins très vite avantageusement concurrencés par la cinquième arme : L'AVIATION.

Sommaire
Suite