A.V.I.A. avril 1909 : l'Aviation dans les Vosges (2)

On peut se demander pourquoi une société de construction d'avions était venue s'installer dans les Vosges où le relief n'était guère propice aux évolutions de ces engins dont les bonds en l'air ne leur permettaient pas de franchir la cime d'un sapin. Notre département possédait pourtant quelques atouts qui furent utilisés par les premiers constructeurs. En effet, les premiers avions étaient essentiellement fabriqués à l'aide de bois, de toile et de fils d'acier. Or nous possédions à la fois les matières premières et les ouvriers spécialisés : tisserands capables de tisser la toile d'avion, ouvriers du bois capables de façonner une hélice d'avion, nos industries métallurgiques pouvant fournir le fil d'acier nécessaire aux haubans et systèmes de direction.

D'autre part, la situation frontalière du département allait intéresser l'état-major pour l'implantation d'une aviation militaire. Le 6 mai 1909, un mois après l'installation de la société A.V.I.A. à Saint-Dié, le Général Gallieni, de passage à l'Hôtel de la Poste, se rend aux ateliers de la rue d'Alsace. Il y est reçu par Monsieur Kempf, président de l'Aéro-Club des Vosges, et se fait montrer le fonctionnement des appareils en construction, il assiste aussi aux démonstrations de Monsieur Roux. Cette visite n'était certainement pas un hasard. En effet, le Général Brun, alors Ministre de la Guerre, s'intéressait vivement aux nouvelles machines que l'on appelait "aéroplanes" et désirait constituer rapidement le premier noyau de notre aviation militaire, qui sera d'ailleurs la première aviation militaire mondiale. Il semble donc logique que son Etat Major ait pris contact avec les différents constructeurs en vue de commandes futures. Comme le disait un journaliste déodatien de l'époque : "L'aviation ne peut qu'apporter de nouveaux éléments de prospérité au commerce de Saint-Dié".

   
   

Les ateliers vosgiens semblaient prospérer. Le 3 juillet 1909, ils reçoivent la visite de Monsieur le Vicomte de Maizières. Le Vicomte, président de l'Aéro-Club du Hainaut, était venu à Saint-Dié pour demander au directeur des Ateliers d'aider le club belge dans des expériences d'aviation qui devaient avoir lieu en Belgique. Suite à cette visite, plusieurs appareils furent commandés par la société belge.

En 1910, le catalogue de la Société présentait un grand choix de fournitures générales pour l'aviation et l'aérostation : aéroplanes, planeurs, cerfs-volants scientifiques, hélices en bois collé et profilées, moteurs spéciaux pour l'aviation. En plus des modèles créés par Roux, les Ateliers procédaient aussi à la construction d'appareils Farman. A la suite des récents succès remportés par les avions Henri Farman, ce dernier, submergé par les commandes, avait demandé à la société A.V.I.A. de construire pour lui une série d'appareils, dont il se réservait le montage et la mise au point.

A la suite de l'extension des Ateliers Vosgiens, une nouvelle société est créée courant 1910. Cette nouvelle société prend le nom de Société Aéronautique de l'Est : S.A.E..

Un an plus tard, la S.A.E. sera reprise par l'aviateur Lecomte. Elle se lancera dans la construction d'un monoplan équipé d'un moteur de 35 CV que l'on verra aux fêtes franco-américaines de juillet 1911.

Cette nouvelle société cessa son activité en 1918.

 

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