Epinal - Centre d'Aviation (2)

Les Spinaliens apprennent par la presse du 27 septembre que 80 avions et leurs pilotes ont été passés en revue à Villacoublay. Cinq escadrilles sont destinées à renforcer les Places fortes de Toul, Verdun, Belfort et Epinal. Ils apprennent en même temps la composition de "leur" Escadrille, la MF5, dotée d'avions Farman et :

Le mardi 1er octobre 1912, quatre camions automobiles dont un camion atelier, transportant du matériel pour le Centre d'Aviation arrivent à Epinal et sont remisés provisoirement au Parc à Ballons de la Gosse. Les Sergents aviateurs Saulquin et Penet accompagnent le convoi qui était parti du Parc de Chalais-Meudon le 28 septembre. Saulquin et Penet n'étant pas affectés à Epinal, ils rejoignent Saint-Cyr.

Depuis le 29 septembre, les avions de l'Escadrille d'Epinal et leurs tracteurs étaient arrivés au Camp de Mailly, mais ils attendaient, pour gagner Epinal par la voie des airs, que les conditions atmosphériques soient plus favorables. Profitant d'une éclaircie, ils s'envolent pour Epinal le mercredi 2 octobre, mais l'amélioration des conditions atmosphériques est de courte durée et, vers 8 heures du matin, les biplans Farman pilotés par les Lieutenants Battini et Cheutin sont obligés d'atterrir dans la plaine de Rouceux après avoir survolé Neufchâteau à très faible altitude.

Vers 16h30, ils sont rejoints par Coville. Ils reprennent l'air pour Epinal le vendredi 4 octobre, mais une nouvelle perturbation atmosphérique les oblige à une nouvelle étape. Le Lieutenant Coville doit se poser vers Puzieux, quant à Cheutin et Battini, ils se posent dans un champ aux environs de Mirecourt, au lieu-dit "le Haut du Chaumont". Le lendemain, samedi 5 octobre 1912, les conditions étant meilleures, les aviateurs reprennent leur vol vers 7 heures en direction de Dogneville où Coville et Cheutin atterrissent enfin entre 8 heures et 8h25 sous les acclamations de nombreux curieux. Pourtant, à 9h30, Battini n'était toujours pas là. Tombé en panne de très bon matin à quelques kilomètres de Dompaire, il avait dû atterrir en catastrophe, guidé par un feu allumé au milieu des champs par des cultivateurs qui l'avaient vu en difficulté. Il n'arrivera à Epinal qu'à 6 heures du soir.

Pendant ce temps, le Général Thevenet et son état-major s'étaient rendus à Dogneville pour faire aux aviateurs les honneurs du nouvel aérodrome.

Dans la matinée, les tracteurs contenant du matériel et des pièces de rechange pour les avions étaient arrivés et ils avaient été placés sous la surveillance d'une vingtaine de sapeurs aérostiers détachés du Parc à Ballons de la Louvroie. Ces cinq tracteurs étaient accompagnés du Chef d'Escadrille Bordage qui avait renoncé à venir par la voie des airs à la suite d'une avarie à son appareil qui était resté au Camp de Mailly. Il manquait Vogoyeau et Quennehen.

Quennehen ne gagnera Epinal que dans deux ou trois semaines, après avoir passé son brevet de pilote, Vogoyeau, se trouvant alors à Buc ne devait rejoindre Epinal que quelques jours plus tard.

Le Lieutenant Cheutin ne resta que quelques jours à Epinal. Affecté à Biskra, il fut remplacé par le Lieutenant Glèze.

Les jours qui suivirent l'arrivée de l'Escadrille d'Epinal furent occupés à l'organisation et à l'installation.

Le 12 octobre, dans la matinée, le Capitaine Loubignac Chef de Centre prend l'air pour se rendre à Lunéville.

Dans l'après-midi, le Lieutenant Glèze évolue pendant 25 minutes au-dessus du terrain. A 16h30, c'est le Capitaine Loubignac qui atterrit, de retour de Lunéville et, à 16h45, le Lieutenant Bordage Chef d'Escadrille qui avait dû laisser son avion à Mailly et avait dû repartir le chercher se pose enfin avec son biplan Farman. Le même jour, les Spinaliens apprennent que deux jeunes Spinaliens, aviateurs volontaires, sont affectés dans des Garnisons de la région. L'aviateur Cornement est affecté au 62ème Régiment d'Artillerie à Remiremont et Delorme au 44ème d'Infanterie à Bruyères.

Le dimanche 13 octobre 1912, les conditions atmosphériques étant très favorables, une foule considérable se dirige vers le terrain d'aviation, les Spinaliens et les Golbéens sont impatients de voir les appareils et leurs pilotes et d'assister à leurs évolutions. Il ne s'agissait pas d'une inauguration officielle, mais d'un élan spontané de la population qui s'était donné le terrain de Dogneville comme but de promenade par un beau dimanche d'automne.

Ils ne furent d'ailleurs pas déçus car ils purent assister aux évolutions du Lieutenant Bordage. Vers 15 heures, il prend tout d'abord l'air avec un Maréchal des Logis d'artillerie comme passager. Après plusieurs tours au-dessus du terrain, il se pose pour reprendre l'air avec un des soldats du Parc d'Aérostation. Prenant enfin son mécanicien à bord, il s'envole dans la direction de Thaon et, après une visite au-dessus de Rambervillers, il se pose sur le terrain à 16h55 sous les ovations chaleureuses de plus de 600 personnes.

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