Le 24 juin 1913, nouvel accident. Venus d'Epinal, les Lieutenants Mendès et Marlin atterrissent avec leurs monoplans Borel sur le terrain civil de Sainte-Marguerite à Saint-Dié où une réception était donnée en leur honneur. Une délégation du Comité des Fêtes et de l'Aéro-Club Vosgien participaient à la fête. Les aviateurs reçoivent des bouquets de fleurs et boivent le champagne.
Le lendemain malgré un épais brouillard et une pluie fine, une foule nombreuse se rend au terrain dès le matin pour assister au départ des deux appareils. Marlin décolle le premier suivi par Mendès. Ils effectuent deux tours au-dessus de la foule pour la saluer puis atterrissent à nouveau face au hangar, mais lors de la manœuvre, l'avion de Mendès pique du nez dans le fossé longeant la route qui borde le terrain d'aviation.
L'aviateur, heureusement, s'en tire indemne, il quitte son appareil, le fait remettre d'aplomb et rentrer au hangar par les militaires du service d'ordre. Un tendeur et une pointe de patin étant brisés, les pilotes sont obligés de remettre leur départ.
Deux jours plus tard, le vendredi 27 juin, Grézaud part de Dogneville pour le camp de Châlons. Arrivé au-dessus de Chef-Haut son moteur tombe en panne. Il tente un atterrissage "en catastrophe" dans un champ labouré. L'appareil capote et se brise. Une fois de plus, les aviateurs ont de la chance, Grézaud et le sapeur Ducloux sont sains et saufs.
Mais la malchance va continuer dès le début de juillet. Le 3 juillet 1913, Remiremont célèbre le 68ème anniversaire des journées de Sidi-Brahim. Venant d'Epinal, Quennehen atterrit sur le terrain de manœuvres de Saint-Etienne vers 6h15. Dans la matinée Quennehen reprend l'air pour survoler le quartier Victor où le Commandant Guy passait en revue le 5ème Bataillon de Chasseurs. A l'atterrissage il "casse du bois". Un coup de téléphone à Epinal et deux heures plus tard l'avion est réparé ce qui permet à Quennehen d'évoluer au-dessus de la foule alors que la revue militaire bat son plein. A l'issue de la revue, le Commandant Guy se fait présenter l'aviateur qu'il félicite et le fait "Chasseur 1ère Classe" du 5ème Bataillon par ordre suivant :
ORDRE du BATAILLON :
"En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l'article 17 du Règlement sur le service intérieur, le Chef de Bataillon, Commandant, nomme Chasseur 1ère Classe au 5 ème Bataillon de Chasseurs, le Sous-Officier aviateur Quennehen.
Remiremont, le 3 juillet 1913
Signé : Guy"
Dans le même temps, le Maréchal des Logis Quennehen était inscrit au tableau de Concours pour la Médaille Militaire.
Nouvel accident à Saint-Dié le samedi 12 juillet 1913. Le Lieutenant de Vierne du Centre de Reims atterrit dans la soirée sur le terrain de Sainte-Marguerite à bord d'un monoplan. Deux heures plus tard, l'aviateur reprend son vol, mais son moteur ayant des ratés, il tente d'atterrir, négocie un virage sur l'aile trop court. Son appareil tombe comme une masse. Dégagé à grand peine des débris de l'avion, le Lieutenant est conduit à la Sous-Préfecture de Saint-Dié où il reçoit les premiers soins des médecins majors. Souffrant de nombreuses lésions aux jambes, il est admis à l'Hôpital militaire où il restera quelques jours en traitement.
Comme l'année précédente, l'aviation va participer activement aux fêtes du 14 juillet 1913.
A Epinal, grande revue militaire sur le champ de manœuvres de la Vierge. Le dirigeable "Capitaine Ferber" et trois aéroplanes de Dogneville évoluent au-dessus des troupes.
A Remiremont pendant la revue au Champ de Mars, Quennehen venu la veille sur un biplan tout neuf orné de deux cocardes tricolores, survole les troupes. Après que la médaille militaire lui ait été remise officiellement, il reprend l'air et survole Remiremont avant de rentrer à Epinal. Dans l'après-midi, avait lieu sur la Place de Maxonrupt une grande fête aéronautique au cours de laquelle un ballon rond de Place de 650 m3 monté par Monsieur Leprince accompagné du Lieutenant Chanal du 15 ème Bataillon fut lâché. L'atterrissage eut lieu dans les environs de Dommartin.
Toujours à l'occasion des fêtes du 14 juillet eut lieu à Offroicourt dans l'après-midi un lâcher de ballon rond.
C'est à Vittel qu'eut lieu le 19 juillet 1913 un nouvel accident.
A 8h30 du matin un avion décolle du terrain d'aviation en direction d'Epinal. L'appareil prend de l'altitude mais le moteur tombe en panne et l'avion fait une chute. Le pilote réussit à redresser l'engin mais l'hélice et les roues sont brisées. L'aviateur et le passager, un Officier de la Garnison d'Epinal sont indemnes. Le lendemain dimanche, l'avion est remorqué dans la matinée jusqu'à Epinal par un tracteur du Centre d'Aviation.
Le même jour, les Spinaliens apprennent par la presse que Raoul Thomas, de Bleurville, vient de passer, à l'aérodrome de Courcy, sur un appareil Deperdussin, son brevet de pilote aviateur. Raoul Thomas était âgé de 25 ans.
La grande aventure de l'aviation tentait de plus en plus de jeunes gens et le nombre de brevets de pilotage augmentait de plus en plus. René Cornement, spinalien, venait aussi de terminer avec succès les épreuves du brevet supérieur d'aviation militaire sur le parcours de Mourmelon à Villacoublay à une altitude de 1 500 mètres. Cornement qui avait été incorporé en novembre 1912 au 62 ème Régiment d'Artillerie de Remiremont était affecté depuis le 18 février 1913 au Camp de Châlons.
Le 25 juillet 1913, le Caporal aviateur d'Autroche décolle de Dogneville en direction de Saint-Dié où il atterrit vers 11 heures sur le terrain de Sainte-Marguerite ; il était accompagné d'un Officier Observateur. Vers 15 heures, il reprend l'air pour Epinal, mais le terrain mal nivelé gène son décollage. Il arrive au bout du terrain sans avoir pu s'élever. Il fait alors demi-tour et essaye de repartir en sens inverse, face au hangar. L'avion roule, et ne pouvant décoller, se jette dans le fossé qui borde la route, il heurte un petit pont, pratiquement au même endroit que l'avion de Mendès le 24 juin. Là encore les aviateurs sortent indemnes de l'accident, mais l'appareil est fortement endommagé, le train d'atterrissage est entièrement brisé. Démonté sur place, l'avion sera remorqué jusqu'à Epinal.
Cet accident sera-t-il à l'origine du deuxième accident qui coûtera la vie à d'Autroche le 20 octobre, c'est difficile à dire, mais on peut imaginer que son appareil, fortement ébranlé par le choc contre le pont, allait présenter des faiblesses dans sa structure qui conduiront à sa dislocation en plein vol lors d'un essai de "looping".